Mon travail a toujours eu quelque chose à voir avec le besoin d’incarner les mots, de donner au langage une matérialité. Visibles ou non, dispersés, disloqués, réassemblés ou simplement juxtaposés, sous-jacents, les mots sont toujours présents.  Des écritures m’accompagnent, elles font corps avec moi et habitent les gestes du travail.

J'ai commencé par le travail du tissu en explorant ses possibilités de mise en relief à partir de techniques anciennes. Ce rapport au tissu reste le fondement de toute ma démarche, il m'a amenée à travailler le papier et aujourd'hui, la terre. Dans le mouvement, la couleur ou les textures, quelque chose me ramène toujours au travail initial du tissu. Le tissu m'a libérée du poids de l'artistique, la fluidité du matériau permettait d'explorer le rapport profond du corps au mouvement, à la mémoire visuelle, aux paysages, aux textes, aux émotions. Le tissu a inscrit le travail dans un rapport au temps, temps de l'élaboration, mémoire des tissus anciens, des procédés anciens, strates de couleur et de mémoire.

Le dessin, le travail de la couleur et des matières ont pris au fil du temps une grande importance. Le travail de la céramique réunit aujourd'hui toutes les dimensions de mes recherches successives. Du ramassage des plantes pour explorer les émaux de cendre à la création d'objets simples , c'est toujours le même cheminement dans la poésie qui relie mots et quotidien.